La mère
C’est con une mère
Elle s’inquiète une mère quand elle pense que quelque chose cloche avec son enfant
Elle sort de chez elle avec une bronchite et tombe nez à nez dans le parc avec la classe de son enfant
Elle se rappelle la sortie organisée pour aller à la bibliothèque
Elle avait oublié mais se souvient du mot dans le carnet qui disait qu’ils cherchaient des volontaires
Elle a l’air con la convalescente qui avait pour alibi son travail
Elle se cache derrière un arbre et voit son enfant au dernier rang avec dans sa petite main le terrible de la classe
Celui rencontré au terrain de jeux qui ne savait dire que des vilaines choses
Pas ravie la mère mais au moins son enfant donne la main à quelqu’un
Il ne faut pas que la maîtresse la voit, ni l’autre mère d’ailleurs, qui elle s’est portée volontaire pour les accompagner à la bibliothèque
La vilaine mère reste derrière son marronnier à se demander si un marron allait lui tomber sur la tête pour la punir
Elle fait un détour, son objectif n’est pas encore atteint
Elle ne sait toujours pas si son enfants joue avec les autres dans la cours
Elle fait un détour et ses nouvelles chaussures lui font mal, elle recommence même à tousser
Elle arrive devant l’école et trouve un bon poste de contrôle
C’est de là qu’elle voit son enfant descendre les marches pour aller se planter au milieu de la cohue des autres enfants qui courent, qui crient
La mère est triste de voir son enfant sans sourire
Mais l’enfant observe, marche sur une poutre et bouscule le petit garçon bouclé assis au bout
Il la dérange, il n’a pas à se mettre assis ici
D’autres enfants cachent la vue à la mère qui doit se déplacer
Elle ne voit plus son enfant, ah si, un peu plus loin
L’enfant sourit, rigole même, il court avec le petit garçon bouclé qui le prend par la taille pour faire le petit train
Son enfant s’amuse et la mère éclate de rire de le voir s’amuser
Les passants la regarde plantée derrière son arbre mais elle s’en fiche et se régale du spectacle
La mère a froid mais elle ne bouge pas
L’enfant va s’asseoir sur un banc à côté d’une petite fille, ce doit être la petite fille qu’elle appelle sa copine, c’est presque certain
C’était donc vrai, elle parle avec les autres enfants, ce ne sont pas des amis imaginaires
La mère éclate de rire une dernière fois en s’en allant ; le petit garçon bouclé essaie de faire des bisous à son enfant qui le repousse en rigolant
La maîtresse dira sans doute encore après les vacances que son enfant refuse de parler en classe
On verra, mais la mère est rassurée et rentre le coeur léger